Comme convenu, voici la suite de la présentation du village.
La “pagote” ou notre deuxième maison
Je ne sais pas trop d’où est venu ce nom. Mais nous y passions le plus clair de notre temps. J’ai écrit “deuxième maison” dans le titre, j’aurais peut-être du écrire première maison. Dans notre maisonnette nous ne faisions que dormir la nuit, de 22h-23h suivant les nuit à 5h-6h du matin. Les réveils étaient vraiment difficiles, en particulier dans les premiers jours, où nous devions nous acclimater aux longues journées du village. Nous appelions celles-ci “des vies” tellement elles étaient longues.
Au moins chaque maison possède un coq, résultat chaque jour aux alentours de 5h- 6H, ceux-ci se mettaient à chanter tous en chœur. Ensuite c’était le tour des enfants. Les grandes vacances aux Philippines se situent vers avril – Mai donc pendant notre séjour, les enfants devaient aller à l’école pour le lever de drapeau (et l’hymne national) à 7h30. Nous les entendions passer, ils venait jouer et discuter chaque matin juste devant la maison et au bout d’une semaine ils venaient nous réveiller pour dire bonjour. C’était vraiment chou de leur part, mais avec l’accumulation de la fatigue, c’était souvent difficile.
A ce moment-là, nous devions aller petit déjeuner. Au menu: riz et viande avec, à partir au milieu du séjour, du chocolat chaud en poudre. Au début, après 3-4 jours passés au village, nous pensions pouvoir nous recoucher après le petit déjeuner. Après tout, sauf quelques exceptions, les enfants étaient à l’école et il n’y avait pas grand chose à faire au village à cette heure-ci. Cependant nous avons vite été rappelées à l’ordre. Je me souviens de Tita Nati et Tita Salve qui, voyant notre état de fatigue apparent, nous ont proposé “have a rest”. Pour nous cela signifiait : retourner dormir à la maison. Mais non! Quelle erreur. Lorsqu’elles nous ont vues nous diriger vers la maison, elles ont couru après nous pour nous dire d’aller “have a rest” dans la “pagote”! Elle était faite en bambous. C’était beau mais pas très confortable pour s’y allonger, mais peu importe, nous sommes allées dormir là-bas…
C’était particulier. Au départ, nous ne savions pas trop à quoi cela servait; d’autant plus qu’il faisait chaud et que les femmes et les jeunes qui restaient au village n’étaient pas enclins à travailler comme nous le demandions. Par la suite nous avions compris que notre seule présence leur suffisait. Ce n’était pas grave pour eux de rester assis à nous regarder (et nous à les regarder) sans forcément rien dire des matinées (voire des journées) entières. L’important c’était d’être là avec eux. Je vous rassure on évitait de passer la journée entière assis sous la “pagote” sans rien faire. Nous avions ramené plusieurs activités et jeux pour occuper les enfants. Nous devions donc attendre leur retour dans l’après midi vers 15h30/16h.
Une fois les activités lancées, nous ne nous arrêtions plus de jouer avec eux. Ils nous ont appris plusieurs jeux. Bon au départ il nous était difficile d’expliquer les règles des jeux ou de comprendre leurs règles. Mais à force nous avons élaboré une sorte de langage (tagalog, signes et anglais) qui nous a beaucoup aidé. Et puis, c’était marrant de croire qu’on avait compris, de le dire mais au moment de jouer de comprendre qu’en fait, on n’avait rien compris. Il y a bien une chose que j’ai tiré de cette expérience, c’est qu’il faut se lancer, persévérer surtout si on ne comprend rien, qu’on fait n’importe quoi et que tout le monde rigole. C’est en s’intéressant à ce qu’ils ont à partager qu’on crée des liens.
La plage
A 5 minutes de marche du village, se trouve la plage. Ce n’est pas touristique du tout! Lorsque nous y allions, nous avions la plage pour nous presque toutes seules. Presque? Parce qu’il nous était impossible de nous y rendre toutes seules, il fallait l’autorisation d’une Tita et des gens pour nous y accompagner.
A partir du moment où elle acceptait, c’est pratiquement tous les enfants et adolescents présents qui nous accompagnaient. C’était la grande sortie du village. Le pire, c’est que seuls les enfants se baignaient. Les ados et les Tita se baignaient rarement, ils préféraient nous regarder. Au bout de quelques jours, nous avons compris que notre comportement était curieux pour eux. Nous étions tellement enjouées à l’idée d’aller nous baigner. L’eau était bonne. Pas de méduse ou de choses curieuses. Personne à l’horizon. Tout était parfait pour y aller sauf peut être notre tenue de bain. En effet, le bikini est interdit. Il faut un tee-shirt et un short. Pour illustrer tout cela, me voilà en tenue de plage.
Pour en revenir à l’idée même d’aller se baigner, les villageois ne partageaient pas le même enthousiasme. En fait, ils ne se baignaient pas habituellement. En raison des typhons et autres intempéries, excepté pour la pêche, la mer ne représentait pour eux qu’un danger, du moins elle ne constituait pas une source d’amusement.
Le site n’était pas touristique. Pourtant, la plage était parsemée de Bahay Kubo. En fait, le projet de Gawad Kalinga est de faire du village de Pasacao une destination touristique. Ils avaient donc commencé à installer ces petites huttes. Je vous en dirai plus dans le prochain article.
Ah oui! j’allais oublier les douches après la plage! Bon ce n’est pas vraiment une douche mais ça a le même rôle. Elle se situe à la sortir de la plage.
Sur le chemin du retour, nous y allions toujours. Il s’agit en fait d’une pompe à eau. Un grand seau était placé en dessous et les titas demandaient aux enfants de pomper l’eau pour nous. Il y avait des petites timbales qui permettaient de la verser. Pour les plus curieux, bien évidemment l’eau était froide.^^
C’était l’occasion pour nous de nous laver les cheveux. En effet, dans notre maisonnette, le coin douche-toilette était minuscule et, puisque le soleil se couchait tôt, nous nous lavions avec une lampe frontale pour nous éclairer, mais surtout pour voir venir les grosses bêtes (Bientôt un article sur les insectes). Je me souviens que la première fois que les titas nous ont proposées d’aller à la mer, elles ont ajouté “prenez vos shampoings”. En raison de leur anglais imparfait, je ne sais pas si elles voulaient vraiment dire shampoing ou elles voulaient dire gel douche. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne savons toujours pas si elles nous avaient dit ça parce qu’elles pensaient qu’on ne se lavait pas! Il y a quelques année,s un autre groupe de volontaire dans un autre village avait eu des problèmes parce qu’ils ne se lavaient pas ou très peu en raison des conditions (seau d’eau froide dans la nuit).
En tout cas, ça les intriguait beaucoup de nous voir nous laver. Ils se positionnaient autour de nous et restaient à nous fixer du regard du début jusqu’à la fin. C’était assez gênant au départ, après nous nous y sommes habituées, du moins c’est ce que nous nous répétions. Finalement, lors de notre dernière baignade, les enfants se sont douchés avec nous et, après quelques hésitations timides, ils ont utilisé nos shampoings.
Cette douche étaient vraiment une attraction pour eux!
Les tricycles
Enfin, pour terminer, après les jeepneys, voici les tricycles!
Le tricycle est le moyen de transport le plus populaire des petites villes et villages tels que Pasacao. Il existe en version motorisée (ci-dessus) et en simple vélo (cela, ressemble à la photo ci-dessous). J’ai essayé de manier le tricycle-vélo au village – plusieurs adolescents étaient conducteurs de ce type de tricycle, de sortes de taxi. Mon Dieu que c’est difficile à manier! Il y avait une force qui me poussait à tourner le guidon du coté du side-car. j’étais un danger public. Je me souviens, les enfants étaient autour et s’attendaient à ce que je conduise en ligne droite! Mais non! Je me suis laissée dirigée par cette force et j’ai tourné en rond. Bien évidemment, les enfants et les titas sont partis en courant. Dans tous les cas, j’admire ceux qui les conduisent sur de longues distances et avec des passagers. Il n’y avait aucun passager lorsque j’ai conduit et j’ai fait une courte distance (un cercle).
Pour ce qui est de la version motorisée, il s’agit tout simplement d’une moto avec side-car améliorée pour ne faire qu’un véhicule à 4 roues : les deux roues de la moto et les 2 roues à l’arrière du side-car. Je vous détaille cette histoire de roue parce qu’au départ, la première fois que j’ai vu ce type de véhicule, je me suis demandé comment il faisait pour ne pas tomber du côté de l’avant du side-car. Cela ne me rassurait guère. Mes soupçons ont été confirmés lors de la fête du village où les enfants de chaque école devaient défiler. A cette occasion, les mini miss et mister Pasacao défilaient à bord d’un tricycle-vélo. Cependant, à la fin de la parade, au moment de rejoindre le point de rassemblement celui-ci a été déséquilibré par un trou et commençait à tomber du côté du side-car. “Oooh” vous me direz! Je vous rassure, le tricycle a été rattrapé avant et les petits n’ont rien eu. Cela n’a pas été le cas, de certains volontaires que j’ai rencontré. Aux abords d’un virage, le tricycle a voulu dépasser mais un véhicule arrivait en sens inverse. Il s’est rabattu et est tombé par l’avant du côté du side-car. Mes amis n’ont rien non plus, rassurez-vous! C’était juste impressionnant!
Du Bleu au rose clair en passant par le jaune poussin, la plupart des tricycles sont aussi colorés que les jeepneys. Plus que culturelle, je pense que la raison est commerciale. En effet, ils attirent vraiment l’œil. Que choisiriez vous entre un tricycle tout beau et un tricycle grisâtre et mal entretenu? La question en se pose même pas! Cela est d’autant plus vrai si vous êtes plusieurs. Même si ces engins sont petits, il est possible de rentrer parfois à 9 sur un même tricycle! vous en me croyez pas? Sur une moto il est possible de mettre 1 à 2 personnes en plus du conducteur, au moins 3 à 4 personnes dans le side-car (cela dépend de la taille du side-car, pour les plus gros c’est plus), un à l’arrière, assis face à la route et 1 à 2 personnes debouts sur les marches du side-car. Nous avions fait l’expérience (la disposition était différente puisque le side car pouvait accueillir 6 personnes lorsque les titas nous ont emmenées au marché près de leur ancien village.
En tout cas, les tricycles sont bien pratiques. moins cher que les taxis et plus rapide. Environ 20 pesos pour 15 minutes dans les petites villes. Bien évidemment à manille c’est plus cher. Les inconvénients concernent les bagages d’une part, et d’autre part, l’impossibilité d’aller sur des grandes routes (là où la circulation est intense et rapide). Je l’avoue le dernier point devrait être considéré comme un gage de sécurité.
Voilà. Je vous ai brièvement présenté le village. Je sais déjà ce que vous allez dire: “c’est bien beau de profiter de la plage, de faire des jeux et se prélasser sous la “pagote”, mais qu’est-ce que vous êtes allées faire là-bas?” Patience! Je vous parlerai du projet dans le prochain article.
A bientôt.