Bonjour à tous!
Aujourd’hui je vais vous raconter ma première journée à Manille.
Nous sommes Lundi 1er Juillet, il est 13h. Après une escale à Ho Chi Minh City (Vietnam) où il faisait 25° à 6h du matin, me voilà à Manille où il fait encore plus chaud : 33°. Ça faisait si longtemps! Après l’hivers et le printemps désastreux qu’on a eu à Lyon et Paris, je retrouvais enfin le soleil.
Peau noire aux Philippines (épisode 1) : L’aéroport
Je me sens bien, plutôt sereine. Dans l’avion reliant HCMC à Manille, j’ai rencontré une philippaine qui vit au Vietnam. Elle était très accueillante, très bavarde et me regardait avec insistance. Je vous écris cela parce qu’avant de partir j’avais assez peur de la perception que les asiatiques avaient des populations noires. Eh oui! Ici, la blancheur est considérée comme un signe de réussite sociale. J’ai bien sûr épluché les forums pour avoir des informations sur les noirs en Asie mais j’ai recueilli très peu de témoignages. Les noirs, ici ne courent vraiment pas les rues et sur ces forums on parlait souvent de racisme… Bref je me suis tout de même lancée dans l’aventure et je ne le regrette pas! Je vous en reparlerai en détail plus tard.
L’accueil des passagers se fait à l’extérieur, assez loin de la sortie. Les familles sont placées derrières des barrières. Au moment de ma sortie, lorsque je me suis rendue au niveau de l’accueil, j’ai bien senti TOUS les regards posés sur moi. C’était assez frustrant et gênant pour moi, qui n’aime pas me faire remarquer. Le pire dans tout ça, c’est que je devais attendre à l’aéroport, au niveau de l’accueil, la navette de 16h30. je vous rappelle il était 13h. Je pensais croiser un membre du groupe Dumanjung (un deuxième groupe d’étudiants de l’EM partait pour le village Dumanjung vers Cébu) qui devait arriver vers 14h mais nous nous sommes ratées. je l’ai retrouvée vers 16h.
En attendant, je me suis installée sur les sièges les plus proches de la sortie (les sièges pour attendre les passagers étaient vraiment éloignés de la sortie). Au départ, je sentais les regards des philippins et je n’osais pas vraiment les regarder. Je me demandais surtout si je devais y voir un signe d’hostilité parce qu’en France, regarder fixement un individu dans la rue est vraiment mal vu et peut être source de bagarres dans certains cas. Petit à petit, je leur ai rendu leur regard. C’était de la curiosité! Un groupe de femmes est venu s’asseoir non loin de moi. Elles me regardaient souriantes, d’autres me faisaient des petits signes de la main. A partir de là, je prenais moi aussi un petit plaisir à soutenir leur regard et les saluer en retour. C’était assez marrant et rassurant.
Prise de contact avec l’association
A 16h, je retrouve donc mon amie ainsi que Randy, un étudiant philippin qui travaille en parallèle à la ferme enchantée, et Mathilde, étudiante à science po et volontaire GK depuis plus de 6 mois. Elle entamait sa dernière semaine ici. Ils sont venus nous chercher avec une sorte de Van-Mingat. Il y avait 2 sièges à l’avant et à l’arrière, un espèce de coffre avec deux bancs, face à face.
Pas de ceinture de sécurité.
C’est un détail que j’ai remarqué lorsque, presque automatiquement, je l’ai cherchée et surtout lorsque nous sommes mis en route pour récupérer le groupe Dumanjung Terminal 1. Laissez moi vous expliquer. La seule manière d’accéder au terminal 1 des autres terminaux, c’est de conduire environ 1h. Ils sont tellement éloignés les uns des autres et il y a tellement de monde. Pendant le trajet, j’ai eu le temps d’observer un peu la ville. Tout d’abord la route. Je ne pourrais pas conduire sur les grandes routes de Manille. J’avais l’impression d’être dans un jeu de course de voiture du style Need for Speed. Les voitures roulent vite et changent de voie sans forcément tenir compte des autres et sans toujours le signaler. Cela faisait assez peur, surtout lorsqu’un gros camion a commencé à se déporter sur notre voie. Je me suis demandée comment ne pouvions- nous pas avoir de ceinture de sécurité. En fait, celle-ci est obligatoire pour tous les occupants mais très peu d’individus l’utilisent. En même temps, plus tard dans le séjour, j’ai pris un taxi et il m’a regardée bizarrement lorsque j’ai décoincé la ceinture de sécurité qui était bien enfoncée dans le siège. J’ai sentie une telle pression que j’ai failli laisser tomber, mais il m’a suffit 2 minutes sur la route pour me faire revenir à la raison.
Où est Charlie?
1h après, nous arrivons enfin dans le terminal 1 et là grosse surprise. Le terminal 1 est le terminal le plus ancien des 3. Celui par lequel je suis arrivée, était très moderne, très propre et très grand. Le terminal 1 était petit, insalubre et désorganisé.
- Première mission: trouver une place pour se garer. C’était long, il y avait des vans de tous les côtés. Après de longues minutes, nous avons avons finalement trouvé une place… enfin je crois.
- Deuxième mission: retrouver les autres. Cela n’a pas été chose facile. “Où est Charlie?” en grandeur nature. Le principe de l’accueil des passagers est le même que celui que je vous ai décrit un peu plus haut. La seule différence c’est la taille et l’organisation. Dans le terminal 1, la sortie de l’aéroport et la partie “accueil des passagers” sont séparées par une route pour les taxi. Les famille sont regroupées derrières des barrières et regardent au loin s’ils ne reconnaissent pas leur proche. il faut avoir une bonne vue, ce qui n’est pas mon cas. Cependant, nous nous sommes vite pris au jeu et avons réussi à identifier l’un des volontaires, au loin. l’identification n’est que la première étape, il faut ensuite se faire identifier à son tour. Nous avons donc crié et fait de grands signes jusqu’à ce qu’il nous repère. Rassurez-vous, cette attitude est tout à fait normale, personne ne prêtera attention à vous pour cela. Non! On vous regardera parce que vous n’êtes pas d’ici.
Manille pour la première fois : de la richesse à la pauvreté
Après avoir retrouvé tout le monde nous nous mettons en route pour la maison d’une Tita (“tata”) dans laquelle les membres de mon groupe, arrivés le matin, avaient passé la journée. 2h de route! C’était vraiment trop pour une journée, d’autant plus que le paysage n’était pas fameux. C’est triste à dire, mais Manille est une ville vraiment très polluée et cela se sent. C’était assez difficile de respirer, d’autant plus que la forte chaleur n’arrangeait pas les choses. Les habitations sont assez insalubres et collées les unes aux autres. Il y a énormément de bidonvilles. C’était la première fois que j’en voyais autre part que dans les livres d’histoire. C’est bien simple, il n’y a principalement que deux beaux quartiers où on se sent en sécurité: le quartier des expats et le quartier financier. Ce dernier a été construit et financé par le Groupe Ayala. Il s’agit de l’une des familles les plus riches des Philippines. Cette entreprise familiale a été fondée par les familles Ayala, Roxas et Zobel, d’origine espagnole et allemande, pendant la période coloniale.
Quels sont ces véhicules si colorés?
Sur le chemin, j’ai aussi découvert des véhicules particuliers: les Jeepneys.
Ils constituent le moyen de transport le plus répandu et populaire des Philippines. Vous ne pouvez pas les rater. Ce sont les seuls véhicules avec des décorations flamboyantes, qui peuvent transporter un nombre impressionnants de passagers avec leurs courses et qui n’ont pas d’arrêts fixes. Pour monter les passagers font signe au conducteur pour qu’il s’arrête, montent et paie le conducteur en énonçant leur destination. L’argent passe de main en main et le nom de la destination de bouche en bouche jusqu’au conducteur. Pour descendre, les passagers tirent sur un fil situé au plafond ou frappent sur le toit.
Les jeepneys proviennent de la fin de la Seconde Guerre Mondiales. En partant, les troupes américaines ont abandonné des centaines de Jeeps militaires (données ou vendues). Les Philippins les ont modifiées pour pouvoir transporter plusieurs passagers, ils ont ajouté un toit et les ont décorées. Pendant la guerre, le réseau de transports en commun avait été détruit et c’est en favorisant la production de jeepneys que les Philippins l’ont reconstruit.
La maison GK: une première interaction avec les Philippins
Finalement, nous arrivons assez tard dans la maison de la Tita (elle y vit avec sa famille). Il s’agit d’une maison dont les chambres, à l’étage ont été mises à disposition pour les volontaires GK pendant leur séjour à Manille. Nous devions nous rendre à l’Enchanted Farm, qui se trouve en pleine campagne, à 2h environ de Manille (de la maison) mais nous apprenons que notre groupe, le groupe Pascao, doit rester passer la nuit. Eh oui! Les vans-Jeepneys ont beau être grands, il est difficile de d’y mettre 13 grosses valises et 13 personnes avec leurs sacs. Seul le groupe Dumanjung a eu l’occasion d’y aller.
Cette nuit aura été une transition vers les conditions de vie à venir. Douche froide, au sceau. Cafards et gros insectes. Moustiques à foison. Plus de connexion internet et peu de réseau…
Nous, groupe de filles, partagions une chambre à plusieurs avec un autre volontaire, garçon. Nous ne pensions pas que cela allait poser un tel problème. Au moment d’aller dormir, l’un des membres de la famille nous a proposé sa chambre. Nous ne voulions pas le déranger et avons essayé, tant bien que mal, de lui expliquer que ça ne nous dérangeait pas de dormir dans la chambre avec l’autre volontaire. Nous voulions encore moins être séparées. Mais il ne nous comprenait pas, il ne parlait pas vraiment anglais. Il a réveillé toute la famille, y compris la petite. Ce petit monde s’est empressé de monter à l’étage pour essayer de trouver solution. Au fur et mesure, nous avons compris que ce qui les gênait était le caractère mixte de la chambre. La République des Philippines est un pays à force tradition catholique et on laisse très peu les filles dormir avec des garçons. Nous avons finalement réussi à les rassurer et à leur faire comprendre que cela ne nous dérangeait pas de dormir avec ce garçon dans la chambre; d’autant plus que cette fameuse chambre était la seule avec la climatisation!
Au programme du lendemain, départ pour la Ferme enchantée dans laquelle nous devions passer 3 jours, mais les événements ont en décidé autrement. Eh oui! S’il est bien une chose que j’ai appris de mon mois passé aux Philippines, c’est qu’il faut savoir être très flexible et très patient. Les choses se produisent rarement comme on les avait prévues.
Sur ce, je vous dis à la prochaine!