Salut à tous!
Je me suis rendue compte que je ne vous avais même pas parlé de notre maison! Ce lieu qui nous accueillait chaque soir de 20h (ou plus tard… le plus souvent plus tard!) jusqu’à 6-7h.
Le tour du propriétaire
Voici un petit schéma réalisé par mes soins.
Comme vous pouvez le voir, notre maisonnette était divisée en 3 pièces: Le salon, la salle de bain et la Chambre.
Le Salon
Voici notre petit salon.
Nous avions droit à 2 canapés en bois (un grand et un petit) et une table basse. C’était aussi la seule pièce dans laquelle se trouvait une lumière qui éclairait toute la maison (sauf la salle de bain) et deux prises que nous utilisions la nuit lorsque nous avions un peu d’électricité.
Il fut un temps où cette pièce ressemblait réellement à un salon. Au fur et à mesure, nous avons commencé à nous étaler et à y mettre un peu tout. Ne vous moquez pas! C’est un bon signe; ça voulait dire que nous nous étions appropriées le lieu malgré les prédateurs (RDV dans la deuxième section de l’article). Bon je l’avoue l’espace de rangement était moindre donc ça ne pouvait qu’évoluer comme cela.^^
Cette pièce restera gravée comme le lieu de notre premier vrai contact avec les enfants. Au début, un peu gênées et en phase d’observation (ça n’a duré que quelques heures en fait), nous nous étions assises le temps de savoir comment nous allions nous organiser. Les petits sont d’abord venus nous rejoindre et je ne sais par quel processus, nous nous sommes retrouvées à jouer et chanter avec eux; bien évidemment pas à l’extérieur de la maison parce qu’on risquait de manquer de place!-_- C’était encore plus plein le soir, lorsque les ados nous ont rejointes par la porte arrière (censée être condamnée avec un clou). Vous connaissez l’adage “quand il y en n’a plus, il y en a encore”? Eh bien, il s’appliquait tout à fait à notre salon! On devait être au moins une trentaine voire plus (il y avait aussi des petits^^).
Ce jour-là, nous avions fait notre première activité : dessins, coloriages et origamis. Bien vite, l’activité s’est transformée en séance photo comme finalement toutes les activités qui ont suivies.
Je crois bien que c’était la première et dernière fois qu’ils sont rentrés dans notre maison. Les fois suivantes, ils restaient sur le pas de la porte à nous attendre. Je crois que leurs parents pensaient que ça nous dérangeaient de les recevoir, qu’ils étaient trop intrusifs. Les fois suivantes, on se retrouvaient donc sous notre fameuse “pagote”! Au moins, dehors il y avait de la place pour tout le monde.
La salle de Bain
Malheureusement, ironie du sort, on a oublié de prendre la photo de la salle de bain! C’était le plus important je sais.
Franchement, j’étais comme un petit enfant qui a peur et s’imagine plein de truc dans son grenier ou sa cave. Vous imaginez? C’était un lieu tout petit, on n’avait pas la place d’ouvrir complètement la porte parce qu’il y avait le gros sceau d’eau derrière. Il servait pour la douche et aller aux toilettes. On le remplissait pour la journée donc il fallait vraiment limiter son utilisation sinon on devait le remplir à nouveau. C’était trop dur! Au départ les jeunes hommes du village le faisaient pour nous mais petit à petit on a compris qu’on devait le faire nous-même.
Le puits était assez loin, il fallait dépasser la place centrale et passer derrière une ligne de maison.
Vous me direz que ce n’est pas trop difficile. Je sais mais ce que je ne vous ai pas dit c’est que pour s’y rendre il fallait traverser les zones de boue, ne pas rester coincer (je parle pour les tongs) et surtout ne pas glisser; le passage de l’allée des maisons au puits était une pente montante avec une tranchée qu’il fallait dépasser. Cependant, lorsque Tita Gina et Tito Ato étaient là, ils réquisitionnaient les villageois.
Bref, pour en revenir à la salle de bain, il n’y avait pas de lumière et la lampe du salon n’atteignait pas la salle de bain. Nous utilisions donc une lampe frontale. Heureusement qu’on l’avait! C’était déjà assez éprouvant de se doucher dans un espace confiné entouré d’un mur avec des insectes! Alors s’il fallait le faire sans rien voir, sachant qu’on avait déjà rencontrés des grosses bêtes , je pense qu’on aurait vite lâché l’affaire! Nos douches n’avaient jamais été aussi rapides et aussi efficaces!
La chambre ou le cocon antimoustique
En fait ce cocon antismoustique nous servait aussi et surtout à éloigner – ou du moins nous protéger- des autres prédateurs… C’est une belle transition vers la 2ème partie, vous ne trouvez pas?
Nos colocataires
Le jour de notre arrivée, nous avons découvert notre lieu de vie et les habitudes que nous allions devoir prendre (se laver avec la frontale et le sceau, installer chaque soir la moustiquaire… Le jour de notre arrivée a aussi été le jour de la découverte de nos colocataires.
La toile d’accueil
En rentrant le premier soir, alors que nous nous apprêtions à prendre notre première douche, nous l’avons découverte! Elle, grosse, menaçante, effrayante, invisible dans la nuit noire… Elle avait pris possession de la mini douche! Bon sur la photo elle n’a pas l’air si imposante, mais je vous promets que si! Crie d’effroi de l’une d’entre nous, les autres accourent. La panique commence!
Après notre arrivée mouvementée aux Philippines, les imprévus et les péripéties de la Ferme enchantée, fatiguées, nous étions déjà à bout! Comment allions nous faire pour tenir un mois dans des conditions totalement opposées à celles que nous avions connues ? On a pourtant déjà fait du camping et tout mais là c’était trop différent. Je pense que le plus dur c’était de se dire qu’on pouvait s’attendre à ce que tout insecte surgisse dans la nuit, pendant notre sommeil, dans le noir total, sans pouvoir le voir.
La maison n’était pas vraiment fermée, il y avait un espace entre le toit et les murs de la maison. Les insectes et les animaux pouvaient entrer et sortir comme bon leur semblait. On entendait tout ce qu’il se passait dehors. C’est d’ailleurs pour cela que les villageois ont accouru voir ce qu’il se passait. Notre comportement était vraiment drôle pour eux!
Finalement, Tita Nati est entrée avec quelques garçons et ils sont ressortis en disant qu’ils avaient tué l’araignée ou qu’elle était partie (problème de compréhension), bref on pouvait se doucher tranquillement.
Confiante, Sophie y va en premier et là on entend un bruit! L’araignée était toujours là, elle s’était juste caché derrière le gros sceau d’eau! Dans un élan de courage, Sophie prend une tong ou quelque chose chose et écrase l’araignée avec. Lutte acharnée! L’araignée était tellement grosse qu’en un coup c’était impossible. Vous imaginez? Franchement, quelle chance de l’avoir eue près de nous! A sa place, j’aurais pris mes jambes à mon cou.
Bilan:
- Nos douches ne duraient pas plus de 2 ou 3 minutes. Il ne fallait pas
gâcher d’eautrop s’exposer aux prédateurs. - On a passé un mois avec le cadavre de l’araignée près du sceau.
- A chaque douche, petite pensée au parent qui avait glissé la lampe frontale dans les affaires.
L’invasion des fourmis volantes
Quelques jours après la rencontre avec l’araignée, nous les avons découvertes. Qui? Des fourmis volantes qui avaient envahi la maison. Je ne n’utilise pas le mot “envahi” pour grossir l’histoire, mais parce que c’était bien réel. Vous vous souvenez que la maison était ouverte parce qu’il y avait un grand espace entre le toit et les murs? Elles sont entrées par là!
C’était une nuit d’orage, comme nous en avons souvent passées durant ce mois en pleine saison des pluies. Les orages ici sont violents! Ils font un boucan pas possible! D’une part, il y a le bruit de la pluie en elle-même – il pleut des cordes pour ne pas dire des pierres! D’autre part, il y a le bruit de la pluie-pierre qui se heurte au toit en tôles de la maison. A cela s’ajoute le bruit de la pluie qui se heurtes aux autres maisons. Et enfin, il y a le tonnerre. Mais bon, avec la fatigue, nous dormions comme des bébés sous nos moustiquaires.
Au petit matin, nous nous sommes réveillées et avons découvert les moustiquaires, les meubles et le sol parsemés de sortes petites feuilles oranges et de quelques graines.
Au départ, encore à moitié endormies, nous ne savions pas de quoi il s’agissait. Au contraire, nous pensions à notre tendre enfance et aux petites “feuilles” qu’on collait sur le nez, des samares. Voici une photo! Vous vous en souvenez?
Mais en regardant de plus près, nous nous sommes rendues compte que certains se déplaçaient. En fait, il s’agissaient de fourmis volantes, de “futures reines”, qui perdaient leurs ailes assez facilement. A ce moment-là un grand nettoyage s’est imposé dans la maison pour les mettre dehors.
En rentrant j’ai lu quelques informations sur ce phénomène. Ce n’était pas un acte isolé. Plusieurs cas d’invasions ou d’attaques, selon les témoignages, ont été recensés. J’ai même appris qu’elles pouvaient piquer! Avec notre moustiquaire, nous avons échappé au pire.
La famille crapaud
Plus tard dans le mois, nous avons fait connaissance avec la famille crapaud. La première fois, il n’y en avait qu’un juste devant notre maison dans le mini jardin. Les enfants se sont soudainement attroupés autour de lui et il s’est enfui. Lendemain, il y en avait 2 à la même heure et au même endroit. Même scénario, les enfants les ont approchés et ils se sont enfuis. Le 3ème jour il y en avait 3 ou 4, je ne m’en souviens plus. La seule chose dont je me souviens c’est la manière avec laquelle ils en ont attrapé un et l’on envoyé valser dans les aires.
Non pas de “l pauvres bêtes” ou d’autres phrases pour compatir avec les crapauds, ils n’avaient rien à faire là, près de chez nous. Il y avait plus d’une cinquantaine de maisons dans le village, une marre rien que pour eux non loin de là et de la boue plus loin, pourquoi avaient-ils besoin de venir juste sous NOTRE perron le soir et faire du bruit?
Attention! Nous ne détestons pas non plus les animaux! Tant qu’ils restaient sous le perron, c’est-à-dire à l’EXTERIEUR de la maison, tout allait bien. Mais non! La famille crapaud avait un plan en tête: s’introduire à son tour dans la maison! Eh oui! Après l’araignée et les fourmis sans parler des autres nuisibles et lézards, ça faisait longtemps que nous n’avions pas reçu une petite visite. Nous nous étions trop bien habituées à la vie à Pasacao.
Ce soir-là, l’un d’eux s’était introduit. Il avait apparemment sauté de l’extérieur à l’intérieur en passant par l’espace toit-mur. Il était au salon. A ce moment-là, même rituel: les villageois sont rentrés pour le virer, ils sont ressortis pour nous dire qu’il était parti, on l’a découvert dans la douche et il s’est enfui.
Bon vous devez vous en douter, ce soir-là, la douche n’a pas duré 3 minutes, mais plutôt 1 minute ou 2 pour être certain de ne pas recevoir sur la tête une gros crapaud tout visqueux.
La surprise du chef
C’était la veille de notre départ du village. Les villageois avaient organisé une grande fête en notre honneur avec des chants, de la danse, des discours, des photos… Bref, nous étions à la maison vraiment tard. Il devait être 3h lorsque nous sommes rentrées. Nous n’avions pas eu le temps de faire nos valises puisque nous avions passé cette dernière journée avec le village. Nous comptions le faire le soir même et nous lever à 5h pour terminer et avoir le temps de distribuer les habits aux familles.
Cependant, première à la douche, j’ai à peine eu le temps de sortir pour m’habiller que l’électricité a coupé. Eh oui, Tita Gina était revenue 3 jours plus tôt et nous avait laissé l’électricité non stop. Au bout d’un moment ça a coupé! Bon, c’était tant pis pour les valises, nous ferions tout le lendemain; mais en même temps, ce n’était pas si mal vu notre état de fatigue. Plus problématique était le rituel pour dormir: vérification qu’il n’y a pas d’insectes dans la chambre, repositionnement des valises et installation de la moustiquaire.
Il faisait nuit noire. Nous avons donc sorti les lampes de poche et la fameuse frontale et nous nous sommes apprêtées à dormir.
- Vérification d’insectes: impossible;
- Repositionnement des valises: impossible;
- installation de la moustiquaire : archaïque.
==> Bilan: “Pourvu qu’il ne se passe rien cette nuit”.
5h du matin: levé difficile. Ce jour est finalement arrivé, le départ. Il est temps de faire les valises. Pour commencer je vire la moustiquaire jaune sous laquelle je dormais avec Sophie et là, en-dessous, bien tranquille, je le découvre! Je vous rappel que Sophie dormait entre le mur de séparation avec le salon (à droite) et moi (à gauche). Je dormais donc avec Sophie d’un côté et “rien” de l’autre (juste son sac en haut et une valise en bas à droite pour tenir la moustiquaire). Et c’est là, en soulevant la moustiquaire qui recouvrait ce “rien” que je l’ai vu! Le serpent!
J’ai dit aux filles “j’ai dormi à côté d’un serpent! Il y a un serpent”. En raison de la fatigue, je n’ai pas réagi comme je l’aurais fait en temps normal, c’est-à-dire que je suis restée calme et je n’ai pas cédé à la panique. Face à ce calme inhabituel dans ce style de situation et avec la fatigue, les filles ont d’abord cru à une blague de ma part. Et j’ai continué mon rangement en gardant un œil sur mon voisin de nuit jusqu’à ce que l’une d’entre elle le confirme. Je crois que c’était trop gros pour être vrai ou bien que les événements du mois nous avaient rendues complètement insensibles à ce type d’apparition. Bon je l’admets, l’explication la plus probable est notre extrême fatigue.
Bref, la boucle était bouclée! Chaque semaine avait eu son lot de surprises! Pour le coup, cette mission avait réellement été une expérience en immersion à Pasacao. Les insectes et animaux étaient là pour nous le rappeler à chaque fois que nous finissions par nous adapter.
Dans le prochain article: L’hymne de Gawad Kalinga.
Bonne journée!